QUIE DE SINSAT - TRACTOPELLE : Artif = Mission, l'équation vérifiée !

Tu as du temps à perdre ? Tu es en dépression ? Déception amoureuse ? Tu aimes t'éclater les doigts contre le rocher ? Tu cherches un sens à ta vie ? Tu aimes sentir le bison ?


Alors fais de l'artif (ou consultes), tu y trouveras certainement ton bonheur !




Parfait contre-pied à l'escalade libre, l'escalade artificielle est laborieuse et les sensations le sont tout autant !

Mais bon ... paraît que c'est formateur !


     Nous sommes vendredi soir et j'arrive sur les coups de 19h chez Morgan à Foix.

Notre objectif pour les quelques jours à venir (oui, la notion de temps est plutôt vague dans ce genre de projet) se nomme "TRACTOPELLE", une voie d'escalade artificielle ouverte en 1994 par Mr Brau Mouret dans la magnifique paroi de la Pelle au Quie de Sinsat.

Mon sac est déjà lourd mais j'ai bien conscience qu'il n'y a pas grande chose dedans comparé à ce que l'on va porter demain matin.     

N'étant pas un grand adepte de l'escalade artificielle (mes rares ascensions se limitent à Vilanova de Meia), je dois avouer avoir une certaine appréhension à me jeter dans une voie "Brau Mouret".                         

Il faut dire que ses voies ont la réputation de demander beaucoup de travail et l'équipement en place est pour le moins ... minimaliste !


La Pelle au lever du jour





L'approche bien montagne, pied marin recommandé



A R0, avant la petite longueur en IV


Nous mettons 1h30 à faire les sacs pour le lendemain, le réveil sonnera à 5h et l'aventure commencera.

Sans surprise, le sac est très lourd, ma frontale éclaire les talons de Morgan, mon cerveau est pour l'instant sur "OFF", je marche pas après pas en trainant mon fardeau et m'interdit tout questionnement introspectif du type "qu'est ce que je fou la ?!" .

Je suis à ce moment là fort reconnaissant du portage d'eau + portaledge que Morgan a réalisé la veille jusqu'au début des cordes fixes, à 20 min du pied de la voie, cela nous économise beaucoup de temps et d'énergies !

Il est 7h15, le soleil se décide finalement à se lever, j'aperçois enfin la face, la Pelle est toujours aussi raide et l'on devine bien ou passe notre voie. L'approche, que j'avais bêtement négligé, constitue finalement une première partie de journée à ne pas négliger     ! 

Je crois bien avoir prononcé pour la première fois la phrase "ça va être une grosse mission" à ce moment là, ce ne sera pas la dernière.

Nous rejoignons le pied de la voie après 3h de bartasse et de remontée sur cordes fixes.


Morgan part dans la grande longueur d'A2+



Flo prend le relais à mi chemin






Le classique chi-fou-mi de début de voie désignera Morgan comme l'heureux (gagnant?) de la longueur d'A2+ de 50m !

Dû à des rajouts de cordes fixes au pied de la voie (certainement en lien avec la nouvelle voie à gauche "un peu plus près des étoiles") la première longueur dans le socle pourri en 4 ne dépasse pas 15 m, et l'arrivée à R1 se fait plus facilement et plus rapidement (merci à eux).

La longueur d'A2+, sans être extrême, change radicalement des classiques de Vilanova dont j'avais l'habitude. On n'y trouve un seul piton sur 50m, et le nombre de point à placer est conséquent (en même temps tu t'attendais à quoi ?!)

A tel point qu'après 30m d'escalade, Morgan se retrouve à poil de tout matos, à encore 15/20m du relais !

Pas le choix, il lui faut réaliser un relais intermédiaire, descendre, et je m'occupe du reste de la longueur en récupérant le premier tiers de matos...

Cependant avec toutes ces manips, les journées de fin novembre très courtes, et notre aisance d'artificier comparable à celle d'un vautour en dos crollé, nous nous faisons rapidement avaler par la nuit !

J'arrive à R2 (lunule + spits de 8) avec les couleurs du couchant de l'automne et y fixe la corde, j'en profite pour déséquiper une partie de la longueur et rejoindre Morgan sur le portaledge à R1, il fait nuit noir et il n'est pas encore 18h...


Petite pause suspendue



Flo déséquipe L3





Santé mon ami !!


6h30, le réveil sonne, je sens que j'ai déjà un peu plus de motivation que la veille, j'ai presque (j'ai bien dis presque) envie d'aller me suspendre des heures durant sur des pitons foireux !

Je m'occupe donc de déséquiper le reste de la longueur d'A2+ pendant que Momo se prépare à R2 pour filer dans la longueur suivante en A2 / 6a.

Des centaines de coups de marteau et quelques pas de libre plus tard et nous voilà tout les deux à R3, il est 14h00 !

Mon avis : on ne sera pas sorti demain soir à ce rythme avec ces petites journées et nous avions prévu de mettre 3 jours max, et je veux retrouver ma motivation que j'ai du faire tomber quelque part à l'appart !

L'avis de Momo : ça pourrait jouer pour une sortie le lendemain dans la nuit, quitte à faire le retour avec nos gros sacs de nuit.

L'idée de me taper cette descente à la frontale ne m'enchante pas, mes genoux en tremblent d'avance.

Nous choisissons finalement de fixer nos 2 sacs de hissages + portaledge à R3 et de revenir une semaine plus tard pour terminer le boulot.


Ce soir on dort là haut !



Sur 2 vieux spits de 8 et 1 friends...





Nous voici donc une semaine plus tard au même point, bien motivés, mais les biceps un peu plus fumés d'une remontée de 80m au jumar sur une corde dynamique...

Cette fois c'est à mon tour de me coller à la 3ème longueur d'A2, j'ai fais balle neuve au niveau du mental et pars bien plus enthousiaste qu'il y a quelques jours.

Et il valait mieux car cette longueur me réserva encore quelques surprises, dont 3 pas sur crochets après avoir posé un mauvais friend, c'était pas le moment d'éternuer ...

Je rejoins le relais après 30m de bricolage et Morgan s'occupe de fixer la longueur du dessus en (A1/6b/c ?) avant la nuit.





Aucune excuse pour négliger l'hygiène bucco-dentaire





Contrairement à ce que nous avions pu lire, cette longueur est encore loin de dérouler et demande encore pas mal de travail (ou de marge pour pitonner en grimpant dans du 6c ?..) 

Cette nuit nous installons notre petite tente de paroi à R4 (2 spits de 8 + 1 friend), et malgré des températures bien plus fraîches que la semaine précédente (la vallée était toute blanche au réveil), nous trouvons facilement le sommeil !

Aujourd'hui nous sortons de la face ! 

Je pars dans la dernière longueur qui passe finalement sans faire le moindre pas d'artif (6a), et nous voilà au sommet après avoir bricolé un relais maison sur 6 points pour sortir tout notre bardas de cette immensité verticale ! 

Une bonne descente qui fait prendre 10 ans aux genoux et 3 rappels plus tard, et nous voilà de retour à la voiture, comme si de rien n'était (sauf notre odeur de bison).


La dernière longueur en 6a


Merci Morgan pour l'immersion vertical, le temps passé derrière l'appareil, la bonne humeur (et la bière), bien content d'avoir partagé cette aventure avec toi !

Adishatz !





Commentaires

Articles les plus consultés